mardi 6 octobre 2009

On a tous en nous quelque chose de Rouget de l'Isle...

L'autre jour, j'ai tenté une sortie. Je suis allé dehors, dans le monde réel truffé de crachoteurs et d'énergumènes à casquettes. Oui, même ici, on commence à avoir des jeunes à casquettes ! Des vieux à casquettes, on en avait déjà plein. La casquette, c'est super tendance, d'ailleurs moi même j'en porte volontier une "pied de poule" du plus bel effet, ( c'est pour m'intégrer subrepticement ! ) Donc, me voilà baguenaudant nonchalamment dans la tiédeur de l'été indien, ( Je ressemblais à une aquarelle de Marie Laurencin, vous pensez bien !), descendant de ma démarche féline une rue de la vieille ville d'Auch, dieu qui n'existe pas merci, il n'y a pas de ville nouvelle dans le Gers, quand tout à coup, j'entend vibrer l'air piétonnier aux accents virils de la Marseillaise, le tube du citoyen Rouget de l'Isle, ( Claude, comme le chanteur de salle de bain ! ). À propos de la casquette, ça attire les vaches. Enfin les vaches qui paissent paisiblement dans le champ du voisin, ( vous remarquerez que les vaches paissent toujours paisiblement, on a jamais lu un bouquin dans lequel une vache paissait belliqueusement !) C'est parce que le voisin est un voisin à casquette alors les vaches, elle assimilent le couvre chef à la visite du patron. Si je me balade près du champ avec ma casquette pied de poule, ces abrutis de steaks à pattes me prennent pour cet abruti de voisin à casquette et elles rapliquent à fond de train, mais toujours en paissant paisiblement. Le chant de guerre pour l'armée du Rhin, entonné à pleins poumons et avec un accent viril et Africain, jaillissant d'un échaffaudage, dans l'air glacé du petit matin... Heu...C'était pas plutôt la Marseillaise dans la tiédeur de l'été indien, un peu plus haut ? Oui, ben ça revient au même. Vous avez remarqué que les ouvriers ne sifflotent plus ? L'époque où un prolétariat guilleret sifflait en travaillant, fier d'accomplir courageusement sa tache avec entrain, dans l'insouciance des trente glorieuses et la perspectives de lendemains qui chantent, est révolue. Même les filles, ils ne les sifflent plus et ça, c'est le signe que l'ouvrier est moins Italien et plus Africain. En revanche, il chante la Marseillaise, l'ouvrier Africain dans la tiédeur un peu fraîche du petit matin de l'été indien. Et c'est beau, c'est émouvant comme un air de révolution dans l'air. C'est surprenant aussi et je reste immobile, tel un grand fauve dans la jungle de béton, ( en fait, c'est plutôt du colombage ici, mais immobile comme un grand fauve dans la jungle de colombages, ça fait moins bien ). Les passants passent, indifférents, poursuivant quelque chimère, ( qu'on voit danser le long des golfes clairs, bien sûr ! ), le portable à l'oreille, comme n'importe quel imbécile heureux d'avoir quelque chose à dire. Ils sont désormais tellement nombreux à converser dans le vide, qu'on dirait une horde de skizophrènes seulement intéressés par ce qui se passe loin d'eux. Chacun dans sa petite bulle de médiocrité, son petit univers du bout de son oreille, et leurs paroles qui s'envolent... T'es où ? T'as pensé à prendre du Parmesan ? Et alors elle m'a dit...Et je lui ai répondu...Bouge pas, j'arrive, t'es dans quel rayon ? Tous ces mots qui vibrent dans l'air, pas étonnant que j'ai mal à la tête ! Heureusement qu'il y a ce type qui chante la Marseillaise en travaillant, il y aurait donc de la vie sur cette planète ? Vous savez pourquoi il chantait la Marseillaise, cet ouvrier sur son échaffaudage ? Probablement parce qu'il est obligé de la connaître par cœur pour obtenir ses papiers. C'est la loi, paraît-il.

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