mardi 10 janvier 2012

Cœur à prendre

Chers candidats à l’élection présidentielle de 2012, depuis que j’ai l’âge de voter, je joue avec vous à la démocratie.
Avec enthousiasme au début, convaincu que mes bonnes intentions, mes idéaux républicains, finiront bien par triompher, puis scrutins après scrutins, déceptions après déceptions, l’âge venant, sans autre illusion que celle d’empêcher le pire.
La France des imbéciles malheureux a même réussi à me faire voter pour Chirac, c’est dire à quel point toute décence m’a abandonné.
Habituellement, tout en ayant constaté que le changement que vous nous promettez tous se résume, en fait, à changer la photo du président dans les mairies, ( sans compter qu’il y en a toujours un qui ne propose même pas ça ), habituellement, donc, malgré tout, je sais que j’irai voter et pour qui, longtemps à l’avance.
Pas cette fois.
Cette année, à quelques mois du premier tour, je m’en fous. Cette élection est celle de trop, je n’ai plus envie de jouer à la démocratie avec vous.
J’aurais plutôt envie de jouer à la révolution.
Je ne demande pourtant pas grand-chose. Bien sûr, j’aimerais sortir du système capitaliste, vous vous esclaffez bruyamment, j’aimerais qu’on arrête avec les conneries et qu’on essaie de faire en sorte que la vie soit plus agréable en préservant ce qui peut encore l’être de la planète, vous vous tapez carrément sur les cuisses et pleurez de rire.
Je le sais bien, j’entends depuis toujours que je suis un pauvre utopiste.
Quand je dis que je ne souhaite pas grand-chose, c’est parce que tout ce qui devrait vous occuper tient dans trois mots inscrits aux frontons des mairies de France.
Essayez juste de vous en tenir à ça : Liberté, égalité, fraternité
La liberté, il y en a de moins en moins, l’égalité est un concept qui vous fait peur, ça va être difficile dans ces conditions pour la fraternité.
Pourquoi ne pas enlever cette devise de l’état Français pour la remplacer par : soumission aux lois du marché, ambition démesurée, égoïsme forcené ?

Pourtant, il a de l’allure, le vieux slogan désuet. Moi, si je faisais de la politique, j’en ferais mon seul programme, soyons réalistes, demandons l’impossible.

Vous l’avez compris, mes chers candidats qui ne m’écoutez pas, cette année, je suis libre. Je suis un cœur à prendre, on est assez nombreux, je crois, des cœurs à prendre avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’on ne se déplace même plus pour empêcher le pire.

1 commentaire:

Yv'R a dit…

Très touché par ta déclaration.J'espère que même les poules auront bientôt des dents, et le droit de vote. Ça changera du mouton...